Des soins intelligents

Formations à Paris

Malgré leur générosité, et leur engagement personnel dans l’accueil des pauvres, ils prennent vite conscience du fait que le soin des malades nécessite des compétences qu’ils n’ont pas. Ils prendront la route de Paris en 1714 pour acquérir les compétences nécessaires, Claude-Toussaint s’orientant principalement vers la chirurgie, quant à Marie-Marguerite vers l’ophtalmologue. Il était particulièrement connu pour ses traitements des ulcères cutanés grâce aux « sels essentiels » qu’il fabriquait.

Engagée avec son mari dans l’accueil et le soin des pauvres, elle ne se contente pas de le seconder. Lors de leur séjour à Paris en 1714, les biographes nous disent qu’elle a appris non seulement à faire des pansements, on parlerait sans doute aujourd’hui de soins infirmiers, mais qu’elle a aussi appris à pratiquer avec succès des interventions chirurgicales en ophtalmologie, l’opération de la fistule lacrymale et l’abaissement de la cataracte. Dans l’état actuel des recherches, il n’a pas été possible de trouver d’autre exemple d’une femme allant aussi loin dans la compétence thérapeutique à cette époque.

Lors de leur séjour à Paris de 1731, suscité par l’invitation adressée par Louis XV au comte de la Garaye pour qu’il vienne lui présenter ses recherches chimiques, Marie-Marguerite ne reste pas dans l’ombre de son mari. Elle s’intéresse aux activités charitables qui se développent dans la capitale, autour de Saint-Sulpice.

Ce n’est qu’en 1745 que Claude-Toussaint publiera son livre, « La chymie hydraulique ». Celui-ci sera traduit quatre ans plus tard en allemand et sera l’objet de nombreuses discussions scientifiques, en particulier lors d’une thèse de chimie à Leyde en 1751, à l’académie des sciences et à la faculté de médecine à Paris.

Un hôpital école

Si l’hôpital installé dans les écuries du château de la Garaye est la réalisation la plus visible des époux charitables, elle est loin d’être la seule. Ils ont multiplié les dons et les initiatives pour venir en aide aux pauvres, non seulement dans les paroisses dépendantes d’eux, mais plus largement. Mgr de la Bastie parle d’une « variété prodigieuse des bonnes œuvres ». Leur zèle était infatigable pour soulager la misère, et lutter contre le manque de travail et d’instruction. On ne peut que reconnaitre des actes de charité héroïque dans les situations qui ont été mentionnées, où Claude Toussaint a risqué sa vie pour aller au secours de malades contagieux comme les prisonniers anglais de Dinan et les pestiférés de Marseille. Le premier mouvement de la conversion du 3 février 1710 était chez Claude-Toussaint marqué par une :

« Je ne refuserai aucun pauvre tant qu’il me restera la moindre chose ; je me dépouillerai moi-même pour leur donner et enfin, si je n’ai plus rien, j’irai vivre avec eux à l’hôpital. »

Extrait de la Semaine Religieuse du Diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier (13 janvier 1893) : « Monsieur le Comte de la Garaye, dont personne n’ignore la charité, fonda une maison au bourg de Taden, l’année 1726 pour trois sœurs pour leur faciliter les moyens d’aller faire leur apprentissage à son hôpital. Elles y ont toutes été successivement tandis qu’il a subsisté. »

Le souci que les époux La Garaye portait des pauvres ne se limitait pas à leur état de santé ou leur situation économique. Ils avaient un grand désir de leur permettre d’accéder au salut et de connaitre le Christ. Plusieurs malades ont fait à La Garaye un chemin de conversion et de retour au Christ et aux sacrements. Outre les soins, Claude-Toussaint donnait le catéchisme aux pauvres et organisait tous les dimanches une conférence sur l’Évangile du jour. La prière avec les malades faisait partie de l’horaire de la journée à la Garaye.

La recherche pour les pauvres

La personnalité bouillonnante de vie de Claude de la Garaye n’est pas sans générosité. Très rapidement, Claude-Toussaint comprend que la vie de bureau ne lui convient pas. C’est après une lente maturation qui portera un fruit de conversion radical que ce dernier annonce sa décision :

« J’ai résolu de renoncer entièrement au monde, à tous ses plaisirs, à toutes ses vanités, de vendre ma vaisselle, mes chevaux, mes chiens et les meubles dont je puis me passer ; de congédier tous mes domestiques à l’exception de ceux qui voudront rester pour m’aider à servir les pauvres à qui je veux désormais donner tout mon revenu et avec qui je veux vivre en les servant le reste de mes jours. »

A la suite de leur conversion, les époux La Garaye décident d’accueillir les pauvres au château, dans un premier temps pour les nourrir, puis pour les héberger en cas de besoin. Malgré leur générosité, et leur engagement personnel dans l’accueil des pauvres, ils prennent vite conscience du fait que le soin des malades nécessite des compétences qu’ils n’ont pas. Ils auraient pu se contenter d’embaucher médecins et chirurgiens, mais ils reprendront la route de Paris en 1714 pour acquérir eux-mêmes les compétences nécessaires. Claude-Toussaint s’orientant principalement vers la chirurgie, et Marie Piquet de la Motte vers l’ophtalmologie.

Comme beaucoup de ses contemporains, Claude-Toussaint est habité par la question thérapeutique. Il constate que la plupart des remèdes prescrits par les médecins sont peu efficaces. Il est assez réticent devant l’usage intempestif de la saignée et de la purge qui constituaient alors la base de la thérapeutique, quelle que soit la pathologie. Marqué par les cours de chimie qu’il a suivi à Paris en 1704, il se lance dans une activité de recherche qui va l’occuper toute sa vie. Son but : trouver des préparations simples et efficaces, faciles à absorber, pour pouvoir soigner les pauvres.

Pour arriver à ses fins, Claude-Toussaint s’informe, on trouve dans son livre de nombreuses références à des ouvrages scientifiques de l’époque, il fait d’innombrables expériences, il teste ses médicaments sur ses malades. Le roi l’encourage à poursuivre ses recherches en vue de les publier pour rendre ces nouvelles techniques pharmaceutiques accessibles à tous. Il lui fait verser une somme importante, 50 000 livres pour le dédommager.

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